La gratuité des réseaux sociaux tels que Facebook et Instagram, longtemps considérée comme acquise, pourrait bientôt être une chose du passé. Le géant de la technologie Meta, société mère de ces deux plateformes populaires ainsi que de WhatsApp, envisage sérieusement la possibilité de proposer des abonnements payants aux utilisateurs, permettant ainsi de se débarrasser des publicités envahissantes.
Selon des informations relayées par le Wall Street Journal et confirmées par plusieurs médias français, Meta envisage de lancer un abonnement mensuel payant au sein de l’Union européenne, y compris en France. L’objectif de cette nouvelle formule d’abonnement serait de permettre aux utilisateurs de profiter d’une expérience sans publicités.
Cette initiative rappelle le lancement de « Meta Verified », annoncé par Mark Zuckerberg, le PDG de Meta, en février dernier. Il s’agissait alors d’un abonnement payant permettant d’authentifier son compte sur les différentes plateformes du groupe.
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Des tarifs envisagés entre 10 et près de 20 euros par mois
Concrètement, pour se débarrasser des publicités sur Facebook et Instagram, les utilisateurs devraient souscrire à un abonnement spécifique, baptisé le « programme SNA » (subscription no ads). Selon des sources américaines, cet abonnement sans publicité pourrait être proposé à environ 10 euros par mois pour un compte en version desktop (utilisation via un navigateur web).
Pour chaque compte supplémentaire, un coût additionnel de 6 euros serait requis, ce qui signifierait, par exemple, un abonnement mensuel de 16 euros pour supprimer les publicités sur les deux réseaux sociaux. Si les abonnements sont souscrits depuis une application mobile, le tarif serait légèrement plus élevé, à 13 euros par mois pour un compte, et 19 euros pour deux comptes via les applications, en raison des taxes imposées par les magasins d’applications d’Apple et Google.
Cependant, ces tarifs ne sont pas encore officiels, et un porte-parole de Meta a déclaré qu’ils ne pouvaient pas les confirmer pour le moment, mais qu’ils étudiaient les possibilités pour se conformer aux exigences réglementaires.
Une réponse aux réglementations européennes strictes sur la protection des données
Cette décision d’envisager des abonnements payants est en grande partie une réponse aux réglementations européennes strictes en matière de protection des données. Meta avait été frappée d’une amende de 1,2 milliard d’euros en début d’année pour non-conformité au RGPD (Règlement général sur la protection des données).
Le nouveau règlement européen, le DMA (Digital Markets Act), a encore renforcé ces restrictions en interdisant la réutilisation des données personnelles à des fins de publicité ciblée sans le consentement explicite de l’utilisateur. Meta, comme d’autres plateformes, doit se conformer à ces règles d’ici le 6 mars 2024, sous peine de sanctions.
Un dilemme financier pour Meta
Le principal dilemme auquel est confronté Meta réside dans le fait que les publicités personnalisées constituent l’une de ses principales sources de revenus. Ainsi, pour respecter la législation européenne et rassurer les régulateurs, Meta envisage de proposer ces abonnements payants pour permettre aux utilisateurs de ne plus être ciblés par les publicités.
Cependant, il est important de noter que cette proposition est encore en cours d’examen par les régulateurs européens, notamment en ce qui concerne les tarifs proposés. Aucune décision officielle n’a encore été prise par Meta, mais il est possible que la mise en place d’un tel abonnement payant soit décidée dans les mois à venir, avant la date butoir du 6 mars 2024.
L’avenir des réseaux sociaux gratuits avec publicités est-il en train de changer ? Cela reste à voir, mais l’idée de devoir payer pour se débarrasser des publicités sur Facebook et Instagram pourrait bien marquer un tournant dans l’évolution des médias sociaux. À suivre de près.
Il est également à noter que TikTok envisage aussi de mettre en place un dispositif similaire, selon le média américain The Verge.